Qui et quand consulter ?

Il n’y a pas de règle !

La moindre fuite involontaire de gaz ou de selles, quel que soit l’âge ou le sexe, même s’il s’agit d’un premier épisode, peut amener à une consultation d’abord auprès de son médecin généraliste. S’il n’est pas très spécialisé dans le domaine de la proctologie (spécialité médicale s’intéressant aux anomalies du rectum et de l’anus - dans l’enseignement de la médecine, le sujet est aussi un peu tabou !), il pourra adresser son patient à un gastroentérologue, notamment s’il est spécialisé en proctologie.

Trop souvent encore, et nous sommes pourtant en 2014, les médecins spécialistes voient les patients atteints d’une incontinence anale évoluant déjà depuis des années, alors qu’en fonction des causes, il y a parfois des solutions efficaces à proposer précocement.

Il est d’usage de noter la sévérité de l’incontinence anale par le nombre de fuites par jour, pendant 2 à 3 semaines d’affilée (c’est ce qu’on appelle un « calendrier des selles »).

Il est aussi très utile d’utiliser un score d’incontinence anale, qui se remplit au cabinet du médecin ou chez soi (c’est mieux encore) : il en existe plusieurs, mais l’un d’entre eux est plus souvent utilisé, car il se remplit vite, facilement, et permet de suivre l’efficacité des traitements pour un sujet donné, ou de comparer des groupes de patients entre eux. C’est le score de la Cleveland Clinic appelé encore score de Jorge et Wexner. Il tient compte de la fréquence des fuites de gaz, de celle des fuites de selles liquides, de celle des fuites solides, de la fréquence du port de garnitures, et du retentissement sur la vie quotidienne : cela fait 5 items à remplir, allant chacun de 0 à 4.

Ainsi, une personne ne souffrant d’aucune incontinence aura 0, alors qu’un sujet qui perd les gaz et les selles plusieurs fois par jours (ça arrive), en mettant plusieurs garnitures voire des couches jour et nuit, et n’osant plus sortir de chez elle tellement elle est gênée cotera près de 20 sur 20. Au-dessus de 13/20, on estime que l’incontinence est sévère.

Enfin, mais plutôt pour des travaux de recherche ou pour le suivi des patients regroupés en cohorte pour un centre ou pour la France entière (il existe un registre national anonymisé des patients ayant une incontinence anale), il peut être utile de remplir un questionnaire de qualité de vie : il est bien prouvé que quelqu’un qui souffre d’incontinence anale vit moins bien qu’un sujet de la population générale.

La consultation pour incontinence anale ne doit pas faire peur : les gastroentérologues voient beaucoup de patients ayant des problèmes de défécation (constipation et incontinence), il ne faut pas être gêné de se confier à eux. De plus, les examens habituels pour la très grande majorité des cas ne sont pas agressifs, et là encore seront réalisés par des spécialistes qui voient beaucoup d’anus et de périnées. Sans entrer dans les détails, ces examens sont un examen clinique de l’anus avec toucher rectal à l’aide de l’index ganté, une échographie endo-anale (examen indolore du canal anal et du bas rectum par une sonde plus petite que la taille d’une selle moulée) et manométrie anorectale (là encore mise en place d’une sonde non agressive pour la prise de pressions au niveau des sphincters).